Une vague de gauche à l'Assemblée pour les Législatives 2012

Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault peuvent garder le sourire, la victoire est nette/AFP/Depeche du 17/6/2012

La gauche remporte une victoire écrasante. Le PS n'a même pas besoin des Verts et du Front de gauche pour avoir la majorité absolue. La droite doit se reconstruire. Quant au FN il revient à l'Assemblée avec une faible représentation. L'abstention a de nouveau grimpé.

Victoire totale pour la gauche ! Le second tour a amplifié le premier. Le PS a entraîné dans sa performance ses partenaires comme le Parti radical de gauche (PRG) - avec qui il obtient la majorité absolue -, et les écologistes qui sont en mesure de former chacun un groupe à l'Assemblée. En revanche, le Front de gauche est à la peine. Il aura du mal à former son propre groupe si le seuil (15 députés) n'est pas abaissé.

Hollande et Ayrault disposent donc des moyens parlementaires de leur politique, sans faire appel à des alliés turbulents (Verts et communistes). « L'œuvre qui est devant nous est immense. Rien ne sera facile. Rien ne nous sera donné », a prévenu le Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

« C'est une vraie capacité à agir que nous ont donnée les Français, le plus gros score qu'on ait jamais eu à l'Assemblée nationale », s'est félicité Bruno Le Roux, député PS de Seine-Saint-Denis et proche de François Hollande.

Néanmoins ce résultat doit être tempéré par un élément inquiétant : l'abstention qui a battu un nouveau record : 43,71 %. Cette tendance, entre autres, devrait conduire François Hollande à procéder une réforme institutionnelle visant notamment à dissocier les deux élections, présidentielle et législative, dont la trop grande proximité est considérée comme responsable de la dégradation de la participation au second de ces scrutins.

Autre enseignement de ce second tour : si la gauche ne suscite pas un vaste élan, le gouvernement est plutôt bien perçu. Tous les ministres qui étaient candidats ont été élus. Le remaniement qui devrait intervenir cette semaine sera donc minime. Les communistes y participeront-ils ? Marie-George Buffet n'y était pas favorable hier soir : « Nous serons dans la majorité de gauche mais autonomes et constructifs ». La direction du Parti prendra sa décision mercredi.

AVENIR COMPROMIS

La droite peut faire grise mine. Elle perd une centaine de députés par rapport à 2007. Elle a tout à reconstruire à partir d'aujourd'hui. Le centre disparaît avec la défaite de François Bayrou et le Nouveau centre lâche aussi du terrain. Dès hier, Jean-Louis Borloo a lancé un appel pour la constitution « d'un centre droit fort, uni pour défendre des valeurs sociales, humanistes et républicaines. La droite telle qu'elle est aujourd'hui n'est plus en mesure d'obtenir seule une majorité. », a-t-il dit.

Ce scrutin a été marqué également par le retour à l'Assemblée du Front national qui a fait élire deux députés, Marion Maréchal Le Pen dans le Vaucluse, et Gilbert Collard dans le Gard. En revanche Marine-Le Pen a échoué dans le Pas-de-Calais.

Des personnalités politiques ont mordu la poussière. A commencer par Ségolène Royal écrasée en Charente-Maritime par le socialiste dissident Olivier Falorni. Jack Lang a échoué dans son parachutage dans les Vosges. Sans surprise, Bayrou disparaît en Pyrénées-Atlantiques et voit son horizon politique national totalement bouché, ce qui devrait provoquer une crise au sein du MoDem. Alliot-Marie est également battue, tout comme Renaud Muselier et Claude Guéant.

Le PS et ses plus proches alliés vont donc devoir gérer cette ample victoire dans un contexte de crise européenne sans faire preuve d'hégémonisme. Mais Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, a déjà tenu à rassurer : « La majorité absolue ne signifie pas le pouvoir absolu. »

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155 femmes vont siéger au Palais-Bourbon

C'est une bonne surprise. L'Assemblée se féminise. Un record a été battu lors de ce second tour. En effet, cent cinquante-cinq femmes siègeront dans la nouvelle Assemblée nationale, contre 107 en 2007. Ce chiffre est sans précédent en France, mais encore très éloigné de la parité puisque 422 hommes ont été élus. Le taux de femmes au Palais-Bourbon s'élève désormais à 26,86 %.

Le Partis socialiste est le parti qui a envoyé le plus gros contingent de femmes à l'Assemblée : 106 sur un total de 280 élus. L'UMP, qui avait préféré payer des amendes plutôt que de respecter la loi sur la parité hommes-femmes lors de ces législatives, arrive très loin derrière avec « seulement » 27 sur 194 députés. Parmi les 17 élus d'Europe Ecologie-Les Verts, 9 sont des femmes. Quatre femmes figurent dans les divers gauche, quatre au Parti radical de gauche, deux au Front de gauche, deux dans les divers droite, une au MRC et une au Front national.

La précédente assemblée de 2007 ne comptait que 18,5 % de femme. Ce faible score avait relégué la France au 19 e rang en Europe pour la représentation politique des femmes, la palme étant détenue par les pays du Nord de l'Europe.

Article "ladepeche.fr"  du 18/6/2012 par Jean-Pierre BEDEI