Hautes-Pyrénées : Les écrasantes victoires de Jean Glavany et Jeanine Dubié aux législatives 2012

Soirée de liesse du côté d'Aureilhan, où les militants socialistes et radicaux ont fêté comme il se doit leurs champions, Jean Glavany et Jeanine Dubié, qui l'emportent très largement./Photo DDM Joël Boyé.

Si les victoires de Jeanine Dubié et Jean Glavany étaient attendues, le score par lequel ils s'imposent, entre 65 et 67 %, l'était un peu moins. Et s'il confirme l'ancrage à gauche du département, il a provoqué, également des remous à droite, où Artiganave tacle Trémège…

En matière électorale, la métaphore sportive est souvent parfaitement adaptée. Tenez le premier tour des élections législatives, qui peuvent s'apparenter à une première mi-temps dans notre département. Les deux candidats de gauche, Jeanine Dubié (PRG) et Jean Glavany (PS), ont largement dominé les débats et, à la pause, le match était déjà plié, comme on dit dans le jargon : 42 % pour la première, opposée à Jean-Pierre Artiganave dans la 2e circonscription, et carrément 48 % pour l'ancien député de l'ancienne 3e, dans la 1re circonscription, où il affrontait Gérard Trémège. Il n'y avait donc aucune surprise à attendre de la seconde mi-temps, tout du moins pour le résultat final, d'autant que les deux leaders, non contents de mener au score, pouvaient compter sur un meilleur banc de remplaçants (les réserves, parfois théoriques, de voix). Plié, on vous dit.

Les résultats du 1er tour amplifiés

Que l'on se rassure, les reports ont bien fonctionné. Et ils ont évité à Jean Glavany et Jeanine Dubié de se « faire remonter » en seconde période, ce qui n'aurait sans doute pas changé le cours du match, mais quand on domine, autant le faire jusqu'au bout, ne pas se relâcher. C'est qu'il y aura certainement des matchs retour, peut-être dans d'autres championnats, d'autres disciplines… Alors, autant montrer ses divisions avant les futures rencontres…

Mais au coup de sifflet final de ce match, le score est sans appel : Jeanine Dubié et Jean Glavany ont laminé leurs adversaires. La future néodéputée s'impose, en effet, avec 64,74 % des voix dans une circonscription où François Hollande, il y a quelques semaines, pourtant porté par une dynamique, n'avait réalisé « que » 62 % des suffrages. Il y a sans doute un effet « sortante », puisque Jeanine Dubié a été adoubée, cornaquée, guidée et portée par Chantal Robin-Rodrigo, dont nul n'ignore ici l'implantation et a su parfaitement transmettre le bâton à celle qui devait lui succéder. Et un examen plus approfondi des résultats montre que dans tous les cantons de cette 2e circonscription, Jeanine Dubié arrive en tête. Largement, puisque sa moyenne ne descend jamais sous les 60 %, hormis dans les deux cantons lourdais, et encore, de peu (55,94 et 68,45 %), mais en prime, elle s'impose à Lourdes intra muros, de plus de 300 voix, dans le fief de son adversaire, votant traditionnellement à droite. Bref, une victoire sans bavure.

Alors, que dire de celle de Jean Glavany ? 66,91 %, le score parle à lui seul, il sera sans doute le député parmi les mieux élus de la future assemblée. Dont il vise le perchoir, et ce score n'est pas fait pour émousser son ambition… Lui aussi découvrait en quelque sorte cette nouvelle circonscription, dont il a su prendre la mesure. Une conquête entamée discrètement depuis plusieurs mois (d'abord les primaires face à Bernard Plano pour asseoir sa légitimité) qui s'est poursuivie sur le terrain. Ne s'est-il pas targué d'avoir visité chacune des 290 communes ? Et lui aussi a largement bénéficié du soutien de son prédécesseur, Pierre Forgues, qui lui a quasiment servi une « circo » clé en main. L'expérience, l'aura et la dynamique ont fait le reste et lui donnent, dans certains cantons, des résultats de sénateur. Et là aussi, Jean Glavany fait mieux que François Hollande le 6 mai. Mais au-delà du résultat global, il faudra regarder les prestations poste à poste. Et surtout dans les principales villes du département, où là aussi la gauche l'emporte, y compris dans certaines chasses que l'on croyait gardées. Voilà qui devrait aiguiser certains appétits lors des prochains scrutins. Les élections cantonales ? La gauche a déjà la quasi-totalité des sièges et pourrait espérer, pourquoi pas, un grand chelem. Les élections municipales ? Certains y pensent déjà. D'autant plus que si ce résultat conforte la gauche haut-pyrénéenne, il a jeté le trouble dans le camp de la droite (voir ci-contre). Double victoire ? Peut-être triple…

Rififi à l'UMP : Artiganave « tacle » Trémège

Les soirs de défaite sont souvent les moments où l'on règle quelques comptes. Ainsi, dans un communiqué, Jean-Pierre Artiganave s'en prend à Gérard Trémège : « Ce soir, comme pendant toute la semaine précédente, Gérard Trémège a déclaré qu'il voulait désormais se consacrer uniquement à sa ville, Tarbes, dans laquelle il fait d'ailleurs un remarquable travail depuis une dizaine d'années. Il l'a dit, il préfère sa ville à son parti. C'est son choix et je le respecte. Après s'être présenté à cette élection sous les couleurs non pas de l'UMP, dont il préside pourtant la fédération départementale, mais sous celles du Parti radical valoisien, il a clairement affirmé sa volonté de ne plus organiser le travail de l'UMP dans notre département. Aussi, ce soir, je lui demande de se mettre en cohérence avec ses déclarations. Il faut reconstruire notre mouvement dans ce département, qui est depuis trop longtemps dans les mains de la gauche. Que ceux, dont je suis, avec Clément Menet, qui en ont la volonté, qui en ont l'ambition, organisent la reconquête. Notre combat commence demain ! ». Contacté par nos soins, Gérard Trémège lui répond : « Je confirme que je suis très attaché à ma ville, que je préfère le travail quotidien au service de mes concitoyens à la politique politicienne. M. Artiganave dégaine un peu vite. Il ferait mieux de réfléchir au résultat de sa ville et de se demander s'il ne devrait pas, lui aussi, préférer sa ville à son parti. Pour ma part, j'aviserai en fonction de ce qui se passera au niveau national. Je réunirai le millier de militants de l'UMP le moment venu pour qu'ils se prononcent. Mais ce n'est sûrement pas sous les injonctions de M. Artiganave et de son directeur de cabinet que les choses se décideront. Il faudra d'ailleurs clarifier le rôle de chacun. M. Artiganave a beaucoup de qualités mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas fait œuvre d'activisme comme secrétaire départemental. J'apprécie sa courtoisie, il n'a même pas pris la peine de me téléphoner. Qu'il ait de l'amertume, cela peut se comprendre. Pour ma part, je n'en ai point à l'égard de personne. Il faudra que M. Artiganave apprenne à se tanner le cuir ».

Article "ladepeche.fr" du 18/6/2012 Christian VIGNES